COMME UN ART .... EMMAUS (2)
SEINE MARITIME : EMMAUS Le HAVRE ..................Hameau du Tronquay 76930 Octeville-sur-mer
     
Emmaüs. Le Havre. objets rares.... photo michel ducruet.
Ducruet.©.Emmaüs Le Havre. 2006
     
.................................Les vanités ne sont plus à la mode mais nos débris ont de la gueule en plein air. On pourrait dire la messe avec d'étranges calices offerts par la Caisse d'Epargne à des joueurs de ping-pong ou des volleyeuses... La Guerre de Troie ne disparaît pas des mémoires et la foule des bibelots parle d'amour et de petits gestes. On ne sait plus si les feuilles tombées sont du côté de la mort ou de l'Art, puisqu'il suffit de se pencher comme ci ou comme ça pour que les choses paraissent à coeur. Chaque bricole est une vallée de larmes et le vent des soupirs déambule entre les objets. Mais des fleurs qui ne fannent jamais tiennent dessus les tables et de petits toutous montent des gardes efficaces pour protéger tous ces orphelins d'un coup de balai.
     
Emmaüs. Le Havre. fleurs artificielles.... photo michel ducruetEmmaüs. Le Havre. feuilles mortes.... photo michel ducruet
Ducruet.©.Emmaüs Le Havre. 2006
     
.................................Il fut un temps où le café et les petits beurres jouaient aux médias, quand les grand-mères se venaient voir pour parler des agonies, des accouchements, des plaies et des bosses du mois, touchaient du bois à propos de médecins et de rhumatismes, annonçaient les mariages, comptaient les mois et comparaient les trognes pour s'assurer de la qualité des gènes... Si les hommes participaient, c'était en passant, plus enclins à rester debout près d'un cheval ou d'une paire de chiens, à parler entre eux de perdrix et de lièvres, presque en alexandrins, avec redites, interruptions, hochements de têtes et points d'exclamation... Histoires aussi de garde-pêche et de belles anguilles attirées la nuit par des tourteaux de colza, de barbillons de six livres pris sous l'orage avec des lombrics de dix centimètres... Comparaisons d'eaux de vie et de vins, détestations des "vins de marchands", récits de tailles à genoux sur des pentes impossibles où les ceps ne toléraient que les piétons... Bricolages, travaux à domicile, installation de toilettes et de lavabos.... abandon du tas de fumier séculaire où l'hiver comme l'été, on s'aidait du journal pour ses besoins... Plus près de nous les souvenirs de vacances, cendriers, choppes, porcelaines à motifs sentimentaux, les restes de quelques pélerinages et voyages scolaires, montagnes de goûts douteux et de coups de coeur... On oublie les lieux, les noms, les circonstances, les sourires et les embrassades. Les mains qui les avaient emballés, offerts, sont aussi mortes que celles des récipiendaires. De toutes actions et de toutes émotions les mots sont effacés, ne restent que les choses, métaphores impitoyables car antichambres de paradis, disant tout et n'importe quoi, consolations, plus vraies que les Evangiles en matière d'Au-delà.
     
Emmaüs. Le Havre. petit chien. photo michel ducruet;
 
Ducruet.©.Emmaüs Le Havre. 2006
 
     
     
     
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