SOUS LE MÊME SOLEIL ...
 
 
paysage normand. Verneusses. photo michel ducruet
Ducruet..©.2009. Normandie.
 
 

Entre 1350 et 1450 nous avons encaissé la guerre de cent ans, la diminution de moitié de la population pour cause de Peste Noire et de récession majeure. C'était sous le même Soleil que le nôtre, nous  sortions de trois siècles de progrès, nous avions enfin trente deux ans d'espérance de vie. La chute fut épouvantable. Il fallut trois siècles pour s'en remettre, passer de Louis X le Hutin à Louis XII, des danses macabres aux châteaux de la Loire. 

Or depuis deux cents ans nous crevons les plafonds du succès : nous sommes sept milliards, nos pauvres disposent de plus de lumière que le Roi-Soleil à Versailles. Nous explorons les anneaux de Saturne, nous mangeons plus de viandes que de pain.
Nos rombières promènent des coccys lipposucés dans les 4X4, nos bébés lorgnent des écrans en sifflant des petits pots, nos belles-mères cambrent leurs culs frippés de Cancùn à la Slovaquie et nos vieux cons golfent sur d'anciennes vignes... Nos bipèdes sont en extase... débarrassés de noblesse, bronzés comme des andouillettes avant de servir. Leur crânes abritent  des fringales de bonobos, des envies de satin et de nuits câlines. Certains se rincent les couilles au Champagne avant de  rire à gorges déployée, les pieds sur le ventre de la littérature... Nos musiques adorent le monstre qui chanta l'incendie de Troie devant celui de Rome. Nos femmes fatales sont filles de cow-boys ou de notaires, peu douées pour les vices du corps et superbes en misères de l'esprit :  à coup sûr de piètres carcasses mais prodigieuses dans ce monde où la bonne conduite est de jouer du dentier. Nos instruits traînent à gauche et à droite entre l'île de Ré et le Lubéron. Jamais on ne fit tant de livres pour dire si peu de choses. Jamais il n'y eut autant de sécurité pour les imbéciles ni tant de cruauté pour les bêtes. Qui s'en soucie?...  Des acharnés rêvent d'éthanol,  de pneus de sept lieues et de charrues à dix socs pilotées par satellite au-dessus des morts, de simplification totale du monde. 

Quelles pestes, quelles colères des choses et des fous nous rendront ridicules et pensifs ? Combien de nos cervelles survivront au pardon de nos méchancetés, quand seront vengées les forêts, les créatures des mers et des montagnes, que le dernier crétin sera bouffé aux mites, becqueté d'oiseaux et pendu.

 
 
fenêtres à la campagne. photo michel ducruet.
Ducruet..©.2009. Campagne;
 
 
 
 
 
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