SILENCES...
     
vanité à la fleur de souci. huile sur toile. verneusses. tableau michel ducruet
Ducruet. huile sur toile.
     

Il y avait dans la vieille peinture d'innombrables raisons de peindre. L'Ego des artistes traînait la savate pour se montrer et l'affirmation de soi n'était concevable que dans la bagarre avec les chefs-d'oeuvres. Les guerres, la religion, l'histoire et la mythologie remplissaient leurs congélateurs de morceaux choisis qu'on pouvait sortir pour les cuisiner avec art. Une foison d'hommes et de femmes voulaient aussi des portraits. Les peintres ne craignaient pas de mélanger fictions et réalités, dès le Moyen-Age le client se glisse au pied de la Croix, prie face à la Vierge.(Piétà d'Avignon, chancelier Rollin etc...). Puis il devint courant de conduire les dieux de Rome et d'Athènes dans des parcs d'Italie ou de France habités par les muses, les courtisannes les princes et quelques imprudents... Dans ces festins de costumes, ces parades, ces danses de cour et fantaisies sérieuses, l'art de peindre consistait à faire de l'abstraction en ayant l'air du contraire... Les tableaux tenaient plus de la musique que d'autre chose et les peintres laissaient les bavards se monter la tête sous les sujets. Les nobles se trouvèrent bien dans l'Olympe et les amoureux de la vie surent jouer avec les accessoires.

La Raison bourgeoise aime les habits noirs, les justes prix et les justes poids. La Peinture rejoignit les hommes une fois que la guillotine eut remis les vraies choses à leur vraie place : plus question de s'embarquer pour Cythère ou de se moquer des contingences ... Les machines à vapeur, le Petit Journal, la Photographie, les canons chargés par la culasse et les gares plus étonnantes que les châteaux, ce monde accéléré n'a plus besoin de séduire, il emporte, il est obscène... Il gagne...

Monet plonge dans des lumières sans morale, Cézanne passe aux pommes, les asperges de Manet sont de grandes dames, Vincent se tire une balle, Gauguin meurt de la syphillis au paradis. Les bleus et les roses de Picasso, colorés comme des hématomes sur la cuisse ... L'éclatement des formes, le déchaînement des plans, les couleurs défaites et retrouvées sur la caisse de guitares inconnues... Ce fut le signal d'un départ pour des lendemains de l'âme.

Mais il n'y avait plus de Jugement dernier, l'Homme naissait pour être, le monde pour aller vite et les humbles pour s'enrichir... Un caporal de Bohème( Hitler), un instituteur de Romagne (Mussolini), un séminariste géorgien(Staline), tels furent les guides suprêmes de "l'Homme nouveau" débarrassé des dieux et des bonnes manières... Quelques aventuriers de la Pub, quelques stars, quelques chansons, quelques guerres mondiales, massacres et autres séances de strip-tease ont achevé de réorganiser la Terre, d'y repiquer les rescapés du déluge et suscité des flots de paroles ... Dieu se réveille avec une langue de bois, le traitement des déchets crée de plus en plus d'emplois, les ennemis sont partout, ceux qui n'ont jamais péché lapident la Palestine, le pétrole arrose les mosquées et les américains se prennent pour des Romains... Vous voyez bien que l'Art n'a pas besoin d'artistes et que la société a besoin d'Art, histoire de passer un moment entre deux olympiades...

Si vous aimez la Peinture, faites-vous plaisir. Vous courez après les secrets du monde? J'ai le sujet qu'il vous faut : Diogène à Corinthe

tête en vitrine

Corinthienne

 
     
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