L'ETE DANS MON JARDIN ....
 
homme masqué, venecian man, masked man, venitien ...............................................Tomate du jardin. Verneusses. photo michel ducruet, 2008
Ducruet.2008.©.
 
................................................Je vous dois quelques explications parce que j'ai l'optimisme de travers et la langue pendue sous d'étranges réverbères. Cassandre avait raison, mais si les dieux rendent les autres sourds, laissons leur l'avenir entre les dents. Comme dirait Pangloss à la fin d'une longue histoire, mieux vaut cultiver son jardin que d'entretenir celui des inconnus. Je prends de bonnes résolutions, je ne dirai que du bien des bêtes de réforme, de la viande avariée, du jus de chaussette et de la fin du monde... Je laisse la place aux jeunes. Cette année sera potagère. Imaginez que vous êtes né dans un empire et que vous terminez vos jours dans une brocante, heureux dans le bazar des livres abandonnés, des boîtes où se mélangent les cure-pipes et les croix de guerre. Les pots de chambre voisinent avec des pendules dans un ordre différent d'autrefois, des lits rompus à toutes sortes d'amours sont sages comme des lits de mort, parfois encombrés de gravures sorties des cadres ou des ouvrages illustrés. Quelques beautés anciennes montrent de grosses cuisses et des bustes sortis du corset, avec des têtes arrondies et les yeux cernés par des plaisirs honnêtes... Vous tombez sur des cochonnes du Second Empire étrangement robustes et démaquillées, qui écartent des jambes courtes sur des touffes mal peignées... Dans les tiroirs des tables de nuit souvent de vieilles lettres, des images de missel, par ci par là des femmes éventées, fleurant la poudre de riz, coiffées aux premières indéfrisables, femmes honnêtes de la fonction publique, femmes de mauvaise vie pour maquereaux corses, danseuses de tango pour le bout du monde et la Légion Etrangère... punaisables à Tataouine, désirables comme l'amer Picon... Femmes devenues sages, avec armoire à glace, édredon satiné, poêle à charbon et patins à l'entrée... Jusqu'aux années cinquante le vice demeure artisanal et la petite vertu se promène près du canal Saint-Martin, les accessoires traînent sur les zincs... Les motos avaient de larges guidons, ronflaient à la française... Il fallait une "canadienne" pour aller dehors, embarquer sa parisienne et pétarader en monocylindre : on s'habillait comme Mermoz pour aller à Etampes... Trop tard pour vous qui partiez en deux pattes courir la bruyère avec des diplômées à l'époque des motos japonaises... Près de la sortie le père Grégoire, bacchantes de Vercingétorix, bedaine de Louis dix-huit, range un bouquin dans le rayon des compas et des équerres... Vous prenez des renseignements sur une maquette du "Soleil Royal" et vous trouvez contre un mur une grappine qui fera l'affaire. Le temps de charger un sac de croquettes au canard pour chats adultes , quatre bouteilles de Bordeaux bio et un pack de lait, vous débarquez en dix minutes, changez de pantalon et retournez au sud pour lier les tomates et les pincer.
 
 
Piments, tomates, oeufs de cayens, poterie de Sophie Leroux,verneusses  photo michel Ducruet 2008
Ducruet.2008.©.
 
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