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Les
fleurs, très serviables, servent aux messages les plus ordinaires
et les plus fous. Des petites filles les offrent à des dictateurs,
des caveaux fraîchement remués prennent un air de fête,
les sportifs y ont droit quand ils gagnent, les femmes n'y résistent
pas. La société ne peut vivre sans fleurs et ce n'est pas
très original de le dire... |
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| .....On
n'a jamais pu demander à une fleur si cette mobilisation continuelle
lui faisait plaisir. Les fleurs sont muettes, passives et quelque chose
me dit qu'elles supportent de passer des heures dans les mains des horticulteurs,
des fleuristes et des généticiens. Elles ont la passion de
plaire. Leur triomphe c'est de tenir le plus longtemps possible dans un
vase. Leur plaisir est d'être regardée et respirée.
Leur couleur, leurs formes et leurs parfums ne transmettent pas le plus
petit bout de pensée : elles resplendissent et leurs beautés
déboussolent tous les raisonnements. Elles n'ont rien à dire,
ne bougent pas, laissent faire autour d'elles les discours et les mouvements.
C'est parce qu'elle attendent qu'on les visite et que la plus légère
maladresse prolonge la vie. L'habitude de cueillir des fleurs date au moins
des cavernes. Nous cachons notre stupéfaction en couvrant nos cadavres
de fleurs, c'est avec des fleurs que nous assurons notre descendance et
que nous fêtons nos circonférences autour du Soleil... |
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