EN RELIEF...
     
     
Homme grec. bronze d'Olympie. photo michel ducruet

Ce grec est-il un homme ?

Pendant quelques siècles il fut tout ce qu'il est possible d'espérer quand on souhaite bonne chance à l'humanité. Cet enthousiasme tenait aux suggestions que les formes faisaient sur le fond. Les angles, les courbures, les masses, les contrastes, les liaisons infiniment souples et solides entre les plans, une simplicité raffinée de l'objet, une aisance majestueuse vis à vis de la pesanteur, l'absence totale d'une quelconque indiscrétion individuelle, en fin de compte une sorte de distillation, de quintessence des relations entre un corps parfait et un esprit supérieur... Tels sont les miroirs dans lesquels se confondent encore les immortels et les hommes. Jamais on n'a tant fait pour l'autonomie des êtres en prévision de leur inévitable face à face avec le Destin. Jamais non plus, on n'a pissé de si loin sur les têtes enfarinées des nécrophages et autres amateurs de chair humaine, changeurs de monnaies, prophètes de malheur et cuisiniers de désespoir...

 
 Ducruet. ©. 2006. Bronze. Apollon d'Olympie. 457. av.JC.
   
     
femme d'argile. modelage de Sophie Leroux. photo michel ducruet.femme d'argile. modelage de Sophie Leroux. photo michel ducruet.
Cette créature a-t-elle plus d'un tour dans son sac? le vingtième siècle est passé par là, faisant tout redescendre sur Terre. Les choses sont alors ce qu'elles sont, sans mythologie ni rêves. Seul demeure le cauchemar des réalités. Corps féminin ni tendre ni poli, occupé d'organes, aussi entravé que l'esprit des hommes quand ils se mêlent de ne plus tirer les marrons du feu. Les voilà riches de vérités sordides, prêts à tous les combats dans toutes les directions, mais face à eux-mêmes les poings serrés... Il ne reste plus qu'à rafistoler les chairs, faute des consolations de l'esprit et des voisinages de l'âme... Le lifting est l'art du présent devenu vieux...  
Ducruet. ©. 2006. Terra cotta.
   
     
marbre de Carrare. jeune lectrice. photomichel ducruet.
Les enfants ne sont de marbre que dans les cimetières, sages comme des images... Ils ont les mains jointes ou les bras croisés, jettent un oeil définitif sur les pages d'un livre ou les oiseaux du ciel... Ils sont enfin comme on les désirait sur le banc de l'école ou dans la cour de récréation... Ces petits anges, droit sortis des pages dorées de la bibliothèque rose et des livres de prix sont morts trop tôt pour connaître les feux d'artifice de la civilisation... Ils ont raté la Marne, la Somme, Verdun, l'Armée rouge des ouvriers et paysans, les SS, Sedan, la Blietzkrieg, le pont de la rivière Kwaï, hiroshima, le Vietnam, l'Algérie... Curieux comme la pierre peut mentir et comme seuls les morts semblent civilisés... Les pédagogues aiment voir dans le marbre les bras et les joues potelées de leurs victimes... Il leur faut un monde spécial à la hauteur de leurs générosités... Mais les bacheliers du siècle ne sont ni Lewis Caroll ni Madame de Ségur... Quelques uns traînent en charentaises des appétits démesurés, bavent sur la chair fraîche et s'endorment le soir pour d'inavouables randonnées sur les terrains de jeux... L'enfance qui fut presque le quart de la vie, n'en sera bientôt que le dixième... Se perdant avec les dents de lait puis l'apprentissage forcé du business... C'est que le bonheur est à vendre... Pour le moment...  
Ducruet. ©. 2006. Marbre.
   
     
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