Les Voeux ( 3 )

Le ciel de France, bleu comme les manteaux de la Vierge, se doit d'être sans nuages... La République après de douloureuses hésitations bannit le rouge et parfois le blanc des uniformes. C'est en "bleu de France" que nos équipes se défendent. Ce bleu pourrait faire croire que les Français n'aiment pas les complications, ont un secret penchant pour les belles causes, et que leur plus grand plaisir est une sorte de fraternité universelle...

Il n'y a pas de panier de crabes mieux rempli que la France... Ces crabes viennent du fond des âges puisqu'on trouve çà et là des traces de pas vieilles de 500.000 ans. Aux hommes de cro-magnon succédèrent ceux des mégalithes puis les celtes qui se firent appeler gaulois. La plupart des petites régions de France portent un nom de "pays" qui rappelle une tribu gauloise et beaucoup de villes un nom gaulois. Lisieux fut capitale des Lexovii, Bourges des Bituriges etc... Les carthaginois , les grecs, les étrusques ont fait de longs séjours. On ne sait pas grand chose sur les basques qui parlent une langue proche du finlandais. Les romains se sont installés par la ruse et la force. Distribuant des toges et des sièges aux collabos les plus notables, écrabouillant les résistants romantiques, impressionnant les populations par la qualité de leurs oraisons funèbres ou littéraires, ils firent de cette "Gaule Chevelue" un réservoir de talents divers qui ne demandaient que la paix pour se montrer davantage. Car les gaulois aiment les divisions, les palabres, les astuces mais par dessus tout qu'on leur foute la paix, ceci au sens propre comme au sens figuré. Vinrent ensuite, en touristes puis très intéressés une foule de tribus germaines se poussant mutuellement l'épée dans les reins, les goths, les francs, les burgondes, etc... qui s'installèrent là où il y avait de la place et firent de la place là où il n'y en avait pas. On a oublié que Carcassonne fut wisigothique... Les mongols d' Attila vinrent faire un tour, puis les berbères d'afrique du nord, puis les normands sur leurs bateaux non pontés. Les descendants de ces visiteurs successifs n'ont jamais trop souhaité de vivre ensemble... Au bout de huit siècles les Capétiens sont à peine capables de dresser une carte lisible du royaume, les exceptions y sont les règles, les injustices y sont légions... La tête coupée de Louis XVI ne dit pas que tout s'est arrangé puisque ce malheureux évènement précède en France la naissance de 17 régimes politiques successifs, de plusieurs révolutions et guerres civiles qui en disent long sur la capacité des français à s'aimer les uns les autres... Voilà que depuis cent ans s'ajoutent encore des populations étrangères, peu à peu fondues dans la masse, et plus récemment, un retour secret de l'aventure coloniale fait de l'islam la deuxième religion de France... Les corses privés d'empire et de colonies tournent en rond entre l'heure du pastis et celle du pistolet... Ils confondent encore les jeux de l'économie et ceux du tapis vert...

Le miracle, plus impressionnant que la guerre de Davy Crockett, c'est qu'il existe une nation. Mais rien ne dit que des bagarres générales seront évitées, et que "pour avoir la paix" les Français ne se feront pas la guerre... C'est un sport qu'ils connaissent par coeur. Rien ne dit que la nouvelle Europe, à force de trop tirer sur les côtés de l' hexagone et de légiférer sur l'élevage des escargots, ne fasse craquer un tissus vieux comme le moyen-âge et rapiécé de génération en génération. Rien ne dit que les français aient envie de faire durer la France, travaillés qu'ils sont par l'ennui d'une longue paix, leurs grandes richesses, leur ignorance de la géographie, leurs écoles confiées à des enfants de choeur, un monde peu respectable ficelé de capitalistes actifs et de sociaux traîtres en tous genres. La France tient à un fil, celui de la langue et on voit mal comment des éducations traînantes, des collèges fatigués, des lycées pourris d'intentions, des universités fauchées, des grandes écoles autoreproductrices, donneraient de grandes forces à de grandes voix... Question de voeux, question de France, c'est du bas et des villes que viendront les bonnes ou les mauvaises nouvelles... En haut, puisqu'on se régale et qu'on sait se vendre, la décence voudrait qu'on soit drôle. Mais il faut pour cela des hommes et surtout des femmes d'esprit. Or "Que croyez-vous qu'il arriva? Ce fut le serpent qui creva..."

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