GONFREVILLE L'ORCHER 1947-1980/MEMOIRE DES CITES/ Editions des Falaises.
Livre à lire    
couverture  du livre. mémoire des cités. Gonfreville l'orcher
     

Une équipe variée d'universitaires et de personnalités locales publie ce livre émouvant et novateur aux Editions des Falaises. On s'y démarque des stéréotypes de la monographie locale, il ne s'agit ni de cartes postales ni de folklore social à destination des amateurs de pittoresque. Le peuple se raconte à lui-même en ouvrant ses boîtes de photos. Les années cinquante et soixante apparaissent d'où on ne s'y attend pas. Bien que les auteurs n'aient à aucun moment suggéré la comparaison, je n'ai pu m'empêcher de la faire : les cités d'aujourd'hui nous parlent d'une société malade, celles de l'époque d'une France rajeunie et active..

Près du Havre, des logements provisoires avaient été installés dans 600 baraquements laissés par l'armée américaine en 1947. Le provisoire a duré jusqu'en 1982. Les populations rivalisèrent de solidarité et de débrouillardise pour transformer ce campement en un lieu de mémoire et de civilisation. Il faut parcourir en détail les images et les témoignages pour voir comment s'y prennent ceux qui refusent la fatalité.

Le chômage n'existait pas. Rappelons quand même que la semaine légale dépassait les cinquante heures au lendemain de la guerre, que les salaires de manoeuvre équivalaient à notre RMI, que les femmes ne travaillaient guère à l'extérieur de chez elles, qu'il y avait des restrictions sévères sur les biens de concommation, que dans le meilleur des cas les ménages ouvriers disposaient tout juste du nécessaire. Soutenus par des élus droit sortis de la Résistance ou des camps de concentration, ces populations ne sont pas livrées à elles-mêmes. Les militants communistes, les curés, les instituteurs et institutrices, les infirmières, les sportifs, font un énorme travail d'encadrement et d'éducation. Les repères existent. Les parents savent leur métier. Les enfants mangent leur soupe sans rechigner. Les cols sont propres et les chemises blanches... Sans eau ni électricité au début, les femmes font des lessives éprouvantes, préparent des repas de famille nombreuse. Les hommes entretiennent leurs mobylettes et font le jardin où madame s'occupe des fleurs. Clapiers, poulaillers, légumes... On mange à sa faim. Les jours de fête on se rassemble pour défiler derrière la fanfare, faire de la gymnastique, honorer la République et la laïcité, bien manger et bien boire...

La guerre a donc brutalisé ce pays havrais et ces populations modestes, mais on est frappé de voir que les ressorts affectifs, culturels et politiques sont intacts, que la repousse est rapide, la démographie optimiste. Sur ces photos à fond de baraques en tôle ou en planches, la tranquillité, la confiance, la solidarité et la dignité nous disent ce que nous avons oublié en décrochant la lune de l'Individu-Roi.

     
.....................extrait photo. Gonfreville l'orcher. editions des falaisesColl.De Decker.
L'ouvrage est accompagné d'un CD présentant un échantillon des quelques 40 heures d'entretiens réalisés par l'équipe des chercheurs. ISBN : 2-84811-025-2. 200 pages illustrées. couverture semi-rigide. Prix 30 Euros.
     
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