VIES D'ARTISTES.......
 
 
Ducruet.2010.© . Comedia.
 
 

Les empereurs de Rome avaient les pieds sur Terre et un sixième sens de la Politique. "Je sens que je deviens dieu" dit à la veille de sa mort Titus Vespasianus, qui remplit les caisses de l'Etat en taxant les pissotières, sources intarissables. "Ai-je bien joué la comédie de la vie ?..." demandait Octave Auguste qui avait raflé l'Orient et l'Egypte de Cléopâtre, perdu trois légions en Germanie, fondé l'Empire et engendré des filles impossibles. "Quel artiste périt!" gémit Néron, le poignard sur la gorge, qui avait chanté l'incendie de Troie sur les terrasses du Palatin devant un brasier de la Ville éternelle, livré les chrétiens aux bêtes, parcouru la Grèce avec une cithare en char et costume d'Apollon... On ne peut pas en dire autant de Louis XVI dont la tête roula dans le panier des droits de l'Homme, tenu aux anses par des citoyens vertueux.

Il y a des vies longues et courtes. Le manège tourne. On grimpe. Un monsieur ou une jeune fille font gigoter un pompon. Si on se lève au bon moment, on l'attrape pour gagner un tour. Faire des tours et des tours, c'est la vie mais tous les manèges ne sont pas équipés de pompons. La ronde présage de sa fin. Pour les enfants ce n'est pas grave car le monsieur qui est aux commandes a le sourire. La Terre ne fait que des tours, nous ne le savons pas depuis longtemps et la moitié des hommes croient que le Soleil tourne autour d'eux comme la roue du Destin. Les étoiles ont la cote depuis que des rois mages ont suivi celle de Bethléem jusqu'à une étable. Le manège des grandes personnes les entoure. L'enfance , l'amour et la mort y jouent les trois temps de la valse. Le reste n'est que décor, clins d'oeil et petits signes. C'est une valse étourdissante où les aveugles voient des mirages, où le pompon fait curieusement gagner de la solitude et du silence...

 
Ducruet.2010.© . Guillotine.
 
Nos étoiles ne sont plus chamaniques, nos astrologues gravissent des montagnes de mathématiques, traversent des mers de philosophie, entassent des mégatonnes de livres et de disques durs... Les fruits de la connaissance nous ont virés du paradis terrestre : nos amours sont enfants de Caïn et nos plaisirs ne s'éloignent jamais de notre nombril. L'histoire de nos bonheurs tient sur quelques timbres-poste. Nous sommes abusés par nos foules, excités par nos désirs volés, réduits à de pauvres chimères: les peuples élus, les vertus citoyennes et les profits planétaires... Deux siècles de progrès techniques, de chants d'amour et de liberté n'ont empêché ni les avions de chasse, ni les tanks, chambres à gaz et feux nucléaires ... Nous avons reconverti les armes chimiques en produits phyto-sanitaires, nous vivons dans une soupe de molécules cuite par des sorciers amis des banques ... nous trafiquons les gènes et le sport... Nos innocents sont aussi dangereux que nos traîtres, nous tournons en boucle dans un diaporama de blancs rateliers des "stars", de vulves poilues ou dépoilées, de pines en l'air sous des abdominaux en tablettes de chocolat... de têtes de mort dans les métros et les médias... L'affaire est jouée, définitive : 1 pour cent de Goldman Sachs ou l'équivalent en guise de créateurs, 9 pour cent d'instruits pour comprendre les décisions et les exécuter, 90 pour cent de "consommateurs" qui marchent au sifflet des médias, n'ont rien à comprendre et pas grand chose à faire, occupés de cul, d'alcool et de dope... Les clones ont de grands coeurs, c'est connu, de grands sentiments, c'est touchant... Vulnérables aux virus et bactéries, à la merci d'un accident de laboratoire... Le laboratoire du monde, le livre des gueules, Facebook, est déjà propriétaire de 450.000.000 d'identités comme d'autres possèdent des vaches en Patagonie ou des palmiers à huile chez les orang-outangs... Monsieur " Montagne de sucre" ( Zuckerberg, ça ne s'invente pas...) aura bientôt son milliard d'amis dans les apéros géants, vidanges de glandes et digestions de substances illicites. Tel pourrait-être le lendemain qui chante . L'écart des savoirs est en accélération constante... Suit l'exponentielle obésité de la " Communication", les marées d'images et crues de phrases creuses. L'épouvante naîtra d'un arrêt de la machine à tourner en rond, puis de la faim et de la soif... Nous aurons des vierges cannibales.
 
Ducruet.2010.© . Seconde chance.
 
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