S'EN ALLER...
     
     
dans les Causses. photo michel ducruet
Ducruet. © . 2007. Quercy.
     
................................. Partir loin de chez soi, trouver un désert, suivre un chemin perdu, laisser sa voiture. Lever les yeux, regarder autour de soi, marcher un peu, rester silencieux. J'aime les paysages qui font la part belle aux nuages et aux genèvriers. C'est un plaisir de marcher où la roche affleure, où les petits chardons et les herbes odorantes recouvrent à peine une terre rouge, remuée par des lapins qui se font les griffes... Sur la route de Compostelle il y eut les Causses plus ou moins peuplés de chênes, chauds comme le Yémen et glacés comme la Sibérie selon les saisons. On y voit les traces des infatigables qui depuis trois mille ans ont ramassé les pierres et dressé sans mortier des centaines de kilomètres de murailles et des milliers d'abris en forme de cônes... Ces hommes ont trop rendu d'esprits à Verdun ou sur les craies de Champagne. Les survivants sont reconvertis dans les ordres, l'enseignement, les fonds de vallées touristiques et le métissage... Les épines, les nuages, les allées et venues du soleil et les vents demeurent. On rencontre plus de ciel que d'étrangers. Il reste quelques paysans actifs entre leurs cimetières. Les curés et les pasteurs ont fait la malle. Quelques hameaux parlent l'anglais ou le flamand sous les antennes de Wimax ou au bout des cables... Un air d'Europe tourne autour des monuments au morts... Les ceintures de flanelle, les aiguillons, les bérets ne sont plus de ce monde et des 4 x4 à verres fumés passent où brinqueballaient des boeufs immortels....La vie est une ronde, mais il faut faire vite pour trouver une main derrière soi, en saisir une autre devant, tourner ensemble sous le Soleil. Les rondes finissent et s'effilochent, les couples, comme les jeux, sont faits. Il faut ensuite aller devant soi, marcher la tête pleine de rires et d'oeillades pour se garantir des jours qui diminuent, des pluies battantes et des pentes où se tordent les chevilles. L'exil est un lendemain de fête. Rien ne vaut un ciel immense sur un désert pour en finir avec les migraines et retomber sur ses pattes.
     
paysage des Causses. Gramat. photo michel ducruet.
Ducruet. © . 2007. Quercy.
     
     
     
   
     
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