DEAUVILLE....DEAUVILLE....
 
 
tentes blanches. Deauville. photo michel ducruet.
Ducruet. © . 2007.
 
.......................On n'y photographie plus la mer ni les nuages depuis longtemps. On n'y voit plus de chiens amateurs de caviar et de Primas Donnas... Mais si la biodiversité s'est un peu transformée, l'endroit reste plein de charmes et de sirènes puisque à certaines conjonctions de la Lune et des constellations, les stars s'y donnent rendez-vous. Les médias s'habillent pour quelques soirs et les tapis rouges croisent les tapis bleus. Une sorte de ville en plastique se dresse avec des tentes blanches et des chapeaux pointus... C'est presque le décor d'un tournoi dans un livre d'heures... Si les chevaliers sont rares, les dulcinées abondent, sortent des limousines quand le soleil est moins cruel aux accidents de peau et qu'une armée de chasseurs d'images les illumine... Cà et là quelques enchanteurs couchent de belles phrases sur des parchemins et deux ou trois chaises suffisent pour que de bons comptes fassent de bons amis. L'Amérique rend visite à la France, débarque chez ses petits et ses vieux amis pour faire la fête...
 
installations du festival. Deauville. photo michel ducruet.
Ducruet. © . 2007.
 
.......................Comme tout va vite et que les affaires sont les affaires, on se bouscule sur peu d'espace, les vendeurs d'images marchent à la mitrailleuse, les écrivains grattent des deux mains, les causeurs accélèrent, les stars font trois tours et s'en vont... Quand on croise les mêmes têtes deux fois de suite c'est qu'il s'agit de serviteurs ou de sosies... de nettoyeurs de trompettes ou porteurs de valises, toutes personnes indispensables aux maîtres et fort habiles à trouver des poux dans la paille, chasser les intrus et bousculer les naïfs. Car il n'est pas convenable que les tournois se voient de près, que les consommateurs mettent le nez près des champions au risque d'entrer dans la mêlée et d'apprendre quelques coups de jarnac et autres bottes secrètes... Une pizza photographiée sur la Lune vaut de l'or et les diamants en costume folklorique ne valent jamais ceux d'Anvers, de tel-Aviv ou des Indes... Les trônes et les palanquins ne sont plus que dans les romans, l'eau de roses ne rafraîchit personne et le peuple n'a plus que deux ou trois gestes à faire pour aller dans l'Olympe... cliquer au bon endroit... vérifier l' échéance de sa visa...
 
installations festival. Deauville. photo michel ducruet.
Ducruet. © . 2007.
 
.......................Que reste-t-il des foules anciennes, des "Entrées" dans les "Bonnes villes", du physique en somme de la populace qui fut cruelle et bon enfant, que les rois avisés tenaient avec des ficelles, des carillons, quelques hommes d'armes et force démonstrations de cavales et de caparaçons? Où sont les moines désoeuvrés et bagarreurs, les poètes inspirés et mauvais garçons, les blanches cailles et les margots, les pendus que l'on voyait charriés par les vents?.... On meurt encore de soif auprès de la fontaine mais tant de feuilles mortes s'en sont allées, tant d'amies que nous avions tenues se balladent au temps jadis qu'il ne reste entre nos mains que deux ou trois morceaux de pierre philosophale... Finies les tempêtes sous les crânes, les larmes de trouvères et les feux de dragons! Nous avons vidé toutes les cavernes, endommagé toutes les bêtes, arraché nos cheveux, perdu la vue et l'odorat, bouché nos oreilles et blindé nos cervelles contre les courants d'air... Nous sommes en or de la tête aux pieds, toujours plus admirables aux confins de la cruauté...
 
vitrine. Deauville. photo michel ducruet.
Ducruet. © . 2007.
 
.......................Y-a-t-il des saints avant les fêtes? Les tapis rouges entassés comme des viandes sous les étals, restes d'abattages et d'abattoir, fin du tournoi sur fond d'azur, de sable et d'écarlate... Quand finit la mêlée, que les rançons passent de main en main, que les armes prises sont partagées, que les corps sont mis en bière ou remontés sur leurs chevaux de guerre, que la compagnie s'en est allée, ne restent à la traîne que des valets et des chiens bâtards... Plus loin, dans les chaumières, qui n'a rien vu ni combattu se lance près de la cheminée dans une interminable histoire d'argent, de sexe et d'or....prenant les vessies pour des lanternes et les enfants de Dieu pour des canards sauvages...
 
tapis rouges et tentes blanches. Deauville. festival. photo michel ducruet.
Ducruet. © . 2007.
 
 
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