Les lendemains doivent chanter... Depuis l'invention de la machine à vapeur il y en a de plus en plus puisque nous sommes passés de un à six milliards de bienheureux sur la planète, que nous sommes entourés d'un milliard quatre cent millions de vaches, que nous vivons dans dix fois plus de villes qu'il y a cent ans et que nous avons mis le feu à plusieurs centaines de millions d'années de carbone fossile et rasé la moitié de ce qui poussait. Pour notre santé, nous avons exterminé entre le quart et le tiers de ce qui vivait dans les mers... Nos chansons commencent à faire du bruit et quelque chose me dit que nos hurlements risquent de nous étouffer. La stupidité des foules n'est plus à prouver surtout quand elles grouillent dans le béton et s'occupent exclusivement du peu de raison et de bon sens que nous possédons sous le nombril.... A ce niveau, les savants peuvent toujours causer, rien ne risque d'en faire des top-models ou des superstars... Qui se rappelle qu'en 1864, Georges Perkins Marsh, un homme qui parla dix langues et fut passionné de glaciologie, publiait un ouvrage fondateur, Man and Nature, où la responsabilité des hommes envers la désertification fut énoncée sans ambigüité. Un peu plus tard Elysée Reclus imaginait un jour pas si lointain où des hommes affolés chercheraient de l'eau pure...

Les lendemains qui ne chantent pas sont arrivés. Nous commençons à encaisser ce qui serait une catastrophe cosmique s'il s'agissait d'une éruption volcanique géante, d'une épidémie mortelle, générale et rapide, d'un conflit nucléaire à grande échelle, d'un rencontre avec un astéroïde géant, d'une glaciation inopinée, ou du pillage sans limite des ressources de la Terre par des techniques arriérées... On peut dire que les hommes sont le moteur d'un bouleversement géologique qui durera peut-être plusieurs millions d'années... Ce n'est pas un secret, c'est ce qu'explique en peu de mots Paul CRUTZEN, prix Nobel de Chimie en 1995, fort admiré pour ses travaux sur la chimie de la haute atmosphère et dont le site internet vaut le détour. En d'autres termes, le virage de la mort est sous notre nez, rien ne dit que nous saurons freiner, ni même que nous en ayions envie... C'est sans doute pour cela qu'en guise de manoeuvre désespérée Paul CRUTZEN dans une interview publiée par " La Recherche", suggère de balancer entre 10 et 50 kilomètres d'altitude un million de tonnes de soufre ou de sulfure d'hydrogène. Cette manoeuvre de la dernière chance pourrait contribuer à renverser la tendance en cas d'emballement du réchauffement climatique... Je rappelle enfin avec délices que Charles-Ferdinand Ramuz est l'auteur d'un roman fabuleux des années vingt : "Présence de la mort" qui décrit la montée inexorable des températures et l'extinction, si l'on peut dire , d'une humanité grillée à petit feu...

Il est temps d'avoir les pieds sur Terre et la tête au soleil, plutôt que de confier à nos cinglés les joysticks de la Finance, de la Politique ou du Commerce .... Alors que nos ordures s'occupent des putes, des armes et de la drogue sous les cocotiers et sur les grands boulevards... Pendant que nos morveux se mouchent dans leurs livres de classe.